Il nous fallait trouver un objet avec une histoire forte, susceptible de faire rêve, susciter des envies et la curiosité de tous…
Le trésor de la jonque engloutie, péché au large de Bornéo au début du 19è siècle…
Pour fêter les 20 ans d’Atmosphère d’Ailleurs, il fallait trouver un objet avec une histoire forte, susceptible de faire rêver, susciter des envies et la curiosité de tous. En trouvant un ensemble de bols en porcelaine Ming découvertes par le célèbre archéologue sous-marin Franck Goddio en 1997 au large de Bornéo, Thierry Grundman a réalisé un vieux rêve.
Franck Goddio, enfant passionné par la mer, l’histoire et l’archéologie, s’est lancé dans l’archéologie sous-marine après une carrière internationale de conseiller financier. Il fonde en 1987 l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM), ayant pour mission de rechercher des épaves, d’en assurer la fouille, la restauration, les études et publications scientifiques ainsi que la divulgation au public par des ouvrages, des films et des expositions. Avec des méthodes novatrices, et à la demande directe des états (Égypte, Philippines) il prospecte avec son équipe sur une vaste zone au moyen de magnétomètres à résonance nucléaire, puis établit des hypothèses à partir desquelles ils peuvent fouiller.
Le trésor de l’épave d’un galion espagnol coulé en 1600 dans la Baie de Manille aux Philippines, le San Diego, découvert après avoir consulté les Archives générales des Indes, fut son premier grand succès international. À bord de l’épave, environ 6000 objets, parmi lesquels se trouvaient des monnaies, joyaux en or, porcelaines de la Dynastie Ming, armes et canons. Suit alors une longue et fructueuse collaboration avec le Musée National des Philippines jalonnée de plusieurs découvertes d’épaves de galions, navires et jonques, parmi lesquelles la Jonque de Brunei, repérée en 1997 au Nord de Bornéo par les géologues d’Elf Petroleum Asia, et fouillée sous la direction de Michel L’Hour.
À ce jour, ce trésor constitue probablement le plus important site pré-européen découvert en mer de Chine, avec entre autre des milliers de céramiques chinoises du 15ème siècle, en excellent état de conservation. Au 13ème siècle, Marco-Polo s’étonnait du gigantisme des Jonques de mer de Chine et de leur cargaison. C’est d’une jonque chinoise coulée au 16ème siècle au large de Bornéo que proviennent les céramiques acquises par Thierry Grundman.
Porcelaines
La porcelaine, grâce à son étanchéité parfaite, sa solidité malgré sa finesse et ses effets translucides uniques, constituait une marchandise d’exception déjà admirée par Marco Polo. C’est une céramique particulière à base d’une argile blanche très résistante, le kaolin (du village Gaoling « collines hautes »), vitrifiée par la cuisson. Les décors colorés sont rendus inaltérables par un glacis vitrifié. Cette technique, qui passe par 70 étapes successives, fut mise au point par les Chinois dès le 3e s. avant J-C, et reste spécifiquement chinoise et extrême-orientale jusqu’au 18e s. Autant dire qu’il s’agit là d’un véritable objet de convoitise ! Si la majeure partie de la production était destinée à la Cour Impériale comme tribut ou pour l’usage quotidien, l’autre partie était destinée à l’exportation.
Les routes maritimes
Les Portugais ont créé les premières routes maritimes régulières avec la Chine et transportaient ce produit dont il n’existait pas d’équivalent en Europe. Devenue l’objet d’un véritable engouement, la porcelaine fut ensuite massivement importée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, nouveaux maîtres incontestés des mers – via Batavia (Djakarta) et Amsterdam, et enfin par les compagnies anglaises et françaises.
C’est en hommage à ces grandes compagnies transocéaniques créées par Colbert et aux navigateurs, importateurs d’épices et autres bien précieux que Thierry Grundman a nommé sa première société : TG Compagnie. Des centaines de navires et de galions, affrétés pour aller quérir des marchandises précieuses, empruntent alors un important et long parcours de commerce – dont la Route de la Soie et la Route des Épices – reliant les principaux ports européens à la Chine voire les Philippines, en passant par le Cap de Bonne-Espérance, l’île Maurice, la Réunion, Ormuz, Goa, Macao, Batavia…, autant d’importants comptoirs et relais de cultures et d’idées. Depuis le 13ième siècle l’audace des navigateurs et le génie des cartographes, ont repoussé toujours plus loin les limites du commerce via les voies maritimes.
Les jonques, quant à elles, faisaient partie de la flotte impériale chinoise qui dominait la Mer de Chine puis l’Océan indien et opérait jusqu’à Bornéo et aux Philippines. Pendant ces longs périples sur les mers, qui pouvaient durer jusqu’à deux ans, les naufrages étaient malheureusement fréquents. Les épaves ainsi trouvées sont nommées d’après le nom du récif proche du lieu de leur découverte. Certaines d’entre elles avaient coulé avec leurs cargaisons de porcelaines, fournissant ainsi une précieuse bulle spatio-temporelle avec des renseignements d’époque uniques, qui ont permis aux scientifiques de retracer sur plus de six siècles le parcours du commerce.
La convention 2001 de l’Unesco
Parce que le fond des mers constitue « le plus grand musée du monde » et que la découverte d’épaves présente un intérêt « archéologique, historique ou artistique » comme les identifie la législation française -, l’IEASM/FEFNA et le Musée national des Philippines ont défini un projet de recherche afin d’étudier l’histoire de l’archipel à travers les échanges commerciaux, du 8ème-9ème s. au 18ème s. La collaboration avec les États évite ainsi le pillage et la destruction des bateaux et de leurs précieuses cargaisons par des individus cupides peu scrupuleux.
La convention 2001 de l’Unesco sur la protection du patrimoine culturel sub-aquatique qui englobe des milliers d’épaves sous-marines à travers le monde vise à transformer les océans en gigantesques observatoires et complète les conventions de protection du patrimoine contre le pillage ou les conflits. Elle déclare en même temps la guerre aux chasseurs de trésors, accusés de détruire les témoignages historiques. Dans le cadre de ces fouilles, la loi prévoit qu’une partie des trésors découverts revient à l’état, et l’autre au titulaire du permis de fouille, appelé « l’inventeur ». Cette part d’inventeur varie selon les états ; en Indonésie par exemple, elle concerne la moitié des objets trouvés. Les pièces maîtresses des fouilles rejoignent d’office les collections des musées. Franck Goddio a choisi de faire don de certains objets à des musées, d’en conserver d’autres, et de vendre une partie des pièces découvertes pour financer ses recherches sous-marines. C’est ainsi que Thierry Grundman, a pu les acquérir.
« Un an d’approche, de recherche, de quête, et d’enquête pour enfin trouver quel marchand de Bornéo en possède ! C’est l’un de mes deux plus grands « coups de cœur » depuis que je voyage en Indonésie. Un coup de cœur, dont je ne suis que le passeur, car bientôt, grâce à ces fabuleuses porcelaines, ce sont nos clients décorateurs qui feront rêver les leurs ».
Texture
Les facteurs déterminant la sélection d’une pièce par Thierry sont d’abord le caractère intemporel, la sobriété, l’élégance des proportions et mille autres petits détails que l’œil exercé apprécie ou rejette. Mais la main, choisit autant que l’œil, la matière, la texture parlent directement au cerveau, qui tranche ! Les porcelaines n’échappent pas à cette règle. Ici pas de décor peint, mais uniquement des tons pastel unis et doux, résultant d’un savoir-faire humain exceptionnel, et de la corrosion d’un glacis par 5 siècles d’immersion dans l’eau salée. Une texture d’une douceur incroyable lorsque le sel a fini par enlever la couche vitrifiée de la porcelaine, ou bien au contraire des incrustations calcaires intéressantes qui ont parfois soudé plusieurs porcelaines ensemble. Fragiles certes, mais robustes. Elles n’ont pas seulement survécu à la violence d’un naufrage et à leur long séjour sous la mer, mais également à leurs multiples voyages…. jusqu’au prochain. S’approprier ne serait-ce qu’une infime partie de cette histoire, commencée il y a plus d’un demi-millénaire, est un formidable catalyseur d’imaginaire !
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