Ces collages, tous des pièces uniques réalisés dans les années 50 à 70 avaient vocation à être découpés. C’est en ce sens que l’on peut parler d’œuvres éphémères
Ce qui a toujours étonné les chinois visitant l’Occident, c’est le contenu de nos poubelles… Les « Ge-Ba », ces « peintures de tissu » sont nées en Chine de la nécessité qui prélude à l’art du réemploi : de la colle de riz pour assembler à plat sur une planche un col de veste trop usée, une poche encore solide, un fragment de robe de mandarin effilochée, c’est le recyclage traditionnel des vêtements devenus importables même par les plus pauvres. Ce matériau va alors resservir dans le vêtement, mais discrètement : doublure, renforts, semelles de chaussures.
Sur ces « galettes de tissus », on retrouve les couleurs de la vie chinoises : le bleu de la «veste Mao» l’indigo, le brun et le noir du petit peuple, les semis de fleurs strictement réservés aux enfants, le chanvre imprimé au bloc, la soie « peau de requin » et les fragments de calligraphies réchappées de la révolution culturelle. Ces collages, tous des pièces uniques réalisés dans les années 50 à 70 avaient vocation à être découpés. C’est en ce sens que l’on peut parler d’œuvres éphémères. Certains ont été sauvés et collectionnés dès les années 60 par François Dautresme, créateur de la Compagnie Française de l’Orient et de la Chine.
Art brut, éphémère, les « Ge Ba », sont de magnifiques tableaux, qui évoquent étonnamment les peintures de Paul klee, Nicolas de Staël, et Serge Poliakoff. Cette collection fut partiellement exposée au Musée Guggenheim à Bilbao et au Centre Pompidou, puis à la Fondation EDF à Paris, sans pour autant être proposée à la vente, à la grande déception du public, qui les découvrait dans un mélange d’étonnement et d’admiration. Il ne tient qu’à vous de vous approprier une pièce de cette collection unique au monde.